« Conversation d’un vestige contemporain » du 05 Septembre au 18 Octobre 2014 à Lyon
Exposition personnelle :
Keen Souhlal
Conversation d’un vestige contemporain
Projet réalisé avec le concours de la DRAC IDF – aide individuelle à la création 2014Du 05 Septembre au 18 Octobre 2014
« Les arbres qui nous entourent sont devenus transparents. Ils sont toujours là, réduits la plupart du temps au statut de mobilier urbain, mais nous ne les voyons plus ; comme nous ne connaissons plus la substance de la terre sur laquelle nous marchons, cachée sous les pavés, ou la nature que nous avons abandonnée et qui peut, dans le meilleur des cas, fournir la matière pour des images bucoliques. Keen Souhlal reprend une nouvelle fois son travail autour de l’imperception, de notre capacité à devenir aveugle à ce qui nous entoure, en mettant cette fois-ci en valeur le bois et la terre – en l’occurrence la céramique – sous différents aspects. Créant des formes composites, hybrides, qui demandent au spectateur un effort de perception pour saisir leur vraie nature, elle remet au centre de notre attention d’imposantes pièces de bois évidées, marquetées, débitées, transformées en œuvres d’art par un déplacement subtil. Cette réappropriation d’une nature dénaturée peut être lue comme un appel à lutter contre l’indifférenciation, à percevoir la fragilité de notre monde – au-delà de son apparente immuabilité. L’artiste trahit également par ce geste notre incapacité à nous préoccuper d’objets qui n’ont pas été manipulés par l’homme et pose ainsi la question de l’intervention artistique en elle-même et de son statut : c’est elle qui fait le pont entre nous, spectateurs et humains, et la matière, en extrayant celle-ci de sa dimension utilitariste comme de sa naturalité, en la rendant notable. Keen souligne ainsi notre passage dans une dimension extra-matérielle, abstraite, qui demande une médiation pour retoucher terre. Il nous faut pour cela effacer la frontière invisible qui nous sépare de notre environnement, et nous amène à la considérer comme une extension conceptuelle de nous-mêmes, proche de l’immatériel. Keen fait ici preuve d’un engagement qui va au-delà d’un manifeste écologique ; elle libère la forêt de sa découpe abstraite et notre esprit de sa vacance peuplée d’images toutes équivalentes et dénuées de sensibilité.
L’œuvre 90 grammes d’idée fixe, qui réunit symboliquement le bois (le papier figuré) et la terre (la céramique utilisée) est emblématique de son travail : à contre-courant de la dépréciation qui devrait toucher ces boulettes de « papier », essais infructueux destinés à s’effacer de notre champ de vision, elle fixe par leur intermédiaire l’envers de la dématérialisation qu’entraîne la numérisation à marche forcée. Le papier, et avec lui la matière elle-même, gagnent une dimension muséale paradoxale »
©Michael VERGER
> Exposition à venir « Conversation d’un vestige contemporain« , Keen Souhlal, du 05 Septembre au 18 octobre 2014
L’attrape-couleurs
69009 LYON